Quand j’étais petite, parmi mes livres préférés, il y avait ceux de Kazuo Iwamura, et son adorable famille Souris. L’histoire comprenait toujours un passage où l’on cuisinait ou l’on dégustait quelque chose qui avait l’air absolument délicieux. C’est ainsi que sans le savoir, j’ai rencontré pour la première fois les daifuku mochis, les onigiris et les anpan.
L’anpan est un petit oreiller de brioche tout moelleux et réconfortant, avec un cœur d’anko, cette fameuse pâte de haricots rouges sucrée, pilier de la pâtisserie japonaise. Je vous propose ici une recette vapeur, mais traditionnellement ils sont plutôt cuits au four. À comparer, je trouve que la vapeur les rend encore plus fluffy, aériens.
J’ai eu envie de cuisiner des anpan lors d’une promenade en forêt, alors que j’admirais les jeunes feuilles de chêne, toutes vertes et tendres. Les souvenirs des excursions de la famille souris et des kashiwa mochi se sont alors juxtaposés. Le kashiwa mochi est une sorte de mochi que l’on déguste le 5 mai pour kodomo-no-hi, la fête des enfants, et qui sont nichés dans une feuille de chêne. Contrairement à la feuille de cerisier du sakura mochi, la feuille de chêne ne se mange pas mais joue un rôle protecteur et décoratif. Oh mais ce serait chouette d’en envelopper des anpans me suis-je alors dis tout en marchant. D’un point de vue symbolique au Japon, le chêne incarne la transmission, car certaines variétés de la péninsule ne perd ses vieilles feuilles, que lorsque les nouvelles se mettent à pousser.
Or la cuisine n’est-elle pas en premier lieu une transmission, un acte d’amour ? Ne soyons pas pour autant angéliques : elle est pour moi, et probablement pour toi qui me lis, aussi bien d’autres choses. C’est d’abord un espace de création qui m’enthousiasme tellement que parfois je me retrouve à faire une insomnie sur une recette que je veux absolument tester. C’est aussi parfois un acte de gourmandise purement égoïste – lorsque je m’entête par exemple à mettre du matcha et du chocolat noir dans mes cookies, quand tout le monde à la maison les préférerait nature avec du chocolat au lait. Mais dans le cas de ces anpan, je me réjouissais par avance du plaisir que ces petites brioches allaient procurer à mes petits lutins lors de la promenade post-cuisson que j’avais programmée. Si comme moi, tu souhaites avoir les anpans prêts pour la balade de l’après-midi (disons pour un départ à 15h30 le temps de faire une petite sieste ?), alors il faudra juste penser à lancer la brioche au petit-déjeuner autour de 9h. Petite précision avant de vous livrer la recette : si vous souhaitez vous passer des feuilles de chêne, ce sera moins mignon mais c’est évidemment possible !
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