Il paraît que le terme clafoutis serait l’apanage des préparations à base de cerises et qu’il faut dire « flognarde » pour les autres. Ayant un faible pour les mots surannés, je suis d’autant plus ravie de l’utiliser !
Les prunes japonaises ou « sumono » sont des êtres lunatiques. Ou bien ce sont des fruits à forte individualité. Tantôt jaunes, tantôt rouges, ou encore vertes, difficile de deviner qu’elles s’accrochent au même arbre, si elles n’étaient rassemblées dans le même panier. Quant à la chair, même incertitude : pour le moment, j’ai eu droit à du jaune pale ou de rouge vif, c’est dire.
Peut-être s’agit-il de différentes variétés ? Au cours d’infructueuses recherches sur ces fruits (pas pu résister pardon), j’ai découvert que Wikipedia aussi s’y perdait : « Elle est de couleur jaune, cramoisie, pourpre ou verdâtre ; sa taille est variable, à chair pâle (…). Son sommet plus prononcé lui donne une forme de cœur, sinon elle est de forme ronde. » Blague…
Les Japonais ne cuisinent pas vraiment la prune, excepté en confitures et préfèrent la consommer nature ou en jus. Oui, mais il y a la fameuse umeboshi m’objecterez-vous. Vous savez, cette petite boule rouge et ridée, souvent traduite comme une « prune salée japonaise », qui accompagne bentos et nigiris. En fait, tout comme le vin dit de prune, délicieux par ailleurs, l’umeboshi serait préparée à partir d’abricots japonais. Déjà qu’on avait du mal à reconnaître les prunes entre elles, si on commence à les mélanger aux abricots, moi je rend le tablier !
Ou plutôt, je l’enfile sans plus tergiverser : place à la belle flognarde, un délice pour les adeptes comme moi du binôme acidulé-sucré. La pointe de gingembre apporte une note canaille à l’ensemble, ce serait trop dommage de s’en passer.
La crème de vache peut-être remplacée par celle d’avoine ou de soja, ou encore du tofu soyeux pour ceux qui vivent au Japon. Personnellement, pas sûre encore d’arriver à lâcher mon pot de crème, même ici. Oui dame, c’est ancré en vous quand on a des racines mayennaises (et pas « mayonnaises », désagréable M. le correcteur d’orthographe). Une question d’inertie pour sûr. Et pour ceux qui ne le savent pas, la Mayenne se trouve entre la Normandie et la Bretagne et abrite à l’ombre de ses verts pâturages le premier groupe laitier au monde, le géant Lactalis. Pas peu fière…
Question sucre, même géométrie variable en fonction de vos prunes : après une semaine d’attente et une patience très limitée, les miennes étaient encore un peu acides. J’ai donc mis 120g de sucre pour équilibrer, mais 100g voire 80g peuvent suffire. Ne pas hésiter à les goûter avant emploi et doser en fonction.
Flognarde aux prunes et gingembre frais
Pour 6 belles portions
– 4 œuf
– 5 belles prunes
– 20 cl de lait (de vache ou végétal)
– 15 cl de crème liquide (de vache ou autre)
– 100g de farine
– 120g de sucre brun de canne (ou 100g voire 80g si vos prunes sont bien sucrées, à la différence des miennes)
– 1 morceau de gingembre frais d’environ 25g
Peler le gingembre et le râper très finement. Si vous n’avez pas de râpe (comme moi), le couper une très fin morceaux puis l’écraser au presse ail, ou encore au mortier (si vous vivez au Japon et que vous n’en avez pas encore, foncez au 100 yen store, le mortier japonais est extra, article à suivre) au Japon, ils sont extras). Si vous n’avez rien de tout cela, vous êtes bon pour y aller la fourchette…
Laver les prunes et les couper en lamelles d’environ 1cm d’épaisseur. Réserver.Verser la farine et le sucre dans un cul de poule. Creuser un puits.
Casser les oeufs dans un bol à part, les battre en omelette, puis verser dans le puits. Bien mélanger, si possible au fouet, pour obtenir une texture un peu mousseuse. Puis ajouter le lait et la crème.Incorporer le gingembre, mélanger.
Beurrer ou huiler votre moule : il suffit d’en mettre très peu (une mini noisette, une demi cuillère à café) mais il faut bien le répartir partout.
Verser la pâte dans votre moule, puis y incorporer les lamelles de prune en les repartissant grossièrement. Enfourner à 180 °C pour 30 à 40 minutes, jusqu’à ce que le cœur de la flognarde soit bien pris. Pour vérifier, y plonger la point d’un couteau, si elle ressort nette, votre flognarde est cuite.
Servir tiède.