Muffins banane, amandes et citron

Au Japon même en hiver, on garde la banane ! Non, je ne vous ferai pas l’affront d’expliquer une nouvelle fois combien on peut être banane quand on vit sur la péninsule. Un fruit qui n’est pourtant absolument pas japonais. Peut-être le Japon est-il sur la route des cargos de bananes (mais en considérant la carte, j’ai comme un gros doute), ou encore le gouvernement en subventionne-t-il l’importation pour doper le moral de ses habitants. Pas la moindre idée. Quoiqu’il en soit, il s’agit probablement du fruit le plus couramment consommé ici, et l’on voit partout dans les magasins ces boites en forme de virgule, dédiée à préserver le fruit délicat des aléas des transports. Car oui, éplucher et mordre à pleine bouche dans une banane devant tous ses collègues assemblés, c’est une chose qu’au Japon, on ose.

Combinée à l’acidulé du citron, et le grillé de l’amande qui croque sous la dent, elle fournit là d’admirables muffins d’hiver, pas trop sucrés mais nourrissants pour le petit déjeuner. Si vous les destinez pour le thé en revanche, peut-être voudriez-vous en ajouter davantage (disons  50g).

Bon weekend à tous !

Si vous êtes sans balance, utilisez comme mesure un contenant de 20cl type pot moutarde. Choisissez si possible un citron bio, pour en prélever l’équivalent d’une cuillère à soupe de zeste râpé, à intégrer à la préparation : c’est encore meilleur ! Ces muffins ne sont pas très sucrés : car c’est comme cela que je les aime le matin. Mais si vous les préparez pour le goûter, peut-être voudrez-vous doubler les proportions.

Muffin banane, citron, amandes
Pour 6 gros muffins ou 8 moyens

– 2 bananes
– 1 cuillère à café de levure chimique
– le jus d’1 citron, soit environ 10cl (1/demi mesure)
– 150g de farine (1 mesure et 1/2)
– 40g de sucre (1/4 de mesure plus 1 cuillère à soupe bombée)
– 1 oeuf
– 50g d’amandes entières mondées (1/2 mesure)
– 15 cl de lait (3/4 de mesure)
– 40g de beurre fondu ( 1/4 de mesure de beurre fondu)

Disposer des caissettes en papier dans vos moules à muffins. Faire torréfier les amandes en les chauffant sur feu vif dans une poêle sans huile quelques minutes : arrêter quand elles se mettent à embaumer et légèrement blondir. Pour 6 muffins, garder 6 amandes entières et moudre le reste en une poudre grossière.

Écraser grossièrement les bananes. Mélanger à part les ingrédients secs (amandes comprises) et ceux liquides (banane comprise). Puis verser les liquides sur le mélange sec.

Étape cruciale : mélanger juste ce qu’il faut pour que la farine disparaisse, sans faire de zèle. la pâte doit rester grumeleuse.

Préchauffer votre four à 180°C. Avec une cuillère à soupe, verser la pâte dans vos moules. Décorer chaque d’une amande. Enfourner pour environ 20 minutes (surveiller la cuisson). Pour vérifier la cuisson, plonger au cœur un pic de bois : s’il ressort sec, vos muffins sont cuits. Les sortir des moules et les laisser refroidir sur une grille.

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Makis de kombu et saumon mariné au miso, plat umami

Après l’article d’hier sur le kombu et le goût umami, jouons à faire des petits makis de saumons à la sauce miso. Saveurs du kombu, saumon et miso se combinent pour créer une belle alchimie umamesque : croyez-moi, côté salivation, ça se passe pas mal…

Une idée d’amuses bouches ou d’entrées à la fois légères et raffinées. Originales peut-être aussi, mais tout dépend de votre degré de japonisation. Il ne s’agit pas d’une recette traditionnelle japonaise, bien que les ingrédients et la manière « maki » le soient. Le saumon cru est mariné dans une sauce au miso, puis enveloppé dans du kombu cuit au préalable.

A déguster en petit comité dans une ambiance zen (tonsure facultative), pour pleinement goûter la subtilité des saveurs.

Makis de kombu et saumon mariné au miso
Pour une quinzaine de pièces

– 2 morceaux de kombu séché (voir ici comment le choisir)
– 1 filet de saumon d’environ 150g
– 1cuillère à soupe de sauce soja
– 1 cuillère à soupe de mirin
La marinade :
– 1 cuillère à café de miso
– 1 cuillère à soupe de jus de citron (ou mieux : de yuzu)
Prévoir des pics.

La veille ou 1 heure avant minimum, faire tremper le kombu dans de l’eau. Verser kombu et 50cl de l’eau de trempage dans une casserole. Y ajouter le soja et le mirin, couvrir et faire cuire à feu doux 20 minutes. Égoutter en gardant l’eau de cuisson, essuyer et laisser refroidir. Couper le filet de saumon dans le sens de la longueur en bâtonnets d’environ 2cm d’épaisseur. Prélever 1 cuillère à soupe du jus de cuisson (garder le reste pour un bouillon) et mélanger au citron et au miso. Y rouler les bandes de saumon, et laisser mariner au frais pendant une demi-heure.
Pour le maki-montage, étaler une feuille de kombu, y déposer une bande de saumon et rouler. Couper en bouchées si c’est pour l’apéro et fixer avec des pics.

A savourer accompagné d’un blanc sec, ou bien d’un thé vert, qui contient également des composants umami.

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Kombu, goût umami, et boeuf bourguignon

Plongeons à la découverte du kombu et de cette mystérieuse saveur « umami », typiquement japonaise, dont on aurait bien des leçons à tirer…

Algue Japonaise, mais pas que
!
Le terme japonais « kombu » ne désigne pas une espèce spécifique, mais une famille d’algues brunes très répandues appelées « laminaires« . Les laminaires poussent à l’état sauvage un peu partout dans les eaux froides des régions tempérées du monde, de préférence dans les zones agitées. C’est toutefois seulement au Japon, qu’on le consomme de manière traditionnelle. Sur l’île d’Hokkaido, on le récolte depuis des siècles, à partir de réserves naturelles, puis au XXe siècle dans des fermes aquacoles, lorsqu’on met au point une manière de le cultiver. En France, des fermes analogues se sont développées, notamment sur l’aquacole de l’île d’Ouessant. Dans les magasins, on pourra le trouver sous forme fraîche ou encore vinaigrée, mais c’est séché, qu’il est le plus courant.
Comme nombre d’algues, le kombu possède de grandes qualités nutritives. Il est riche en oligo-éléments tel le magnésium, l’iode et le potassium. C’est aussi un précieux aliment de détox, qui purifie le système digestif en éliminant les métaux lourds (plomb, etc), les résidus de pesticides et les ions radioactifs.

Goût Umami
Si le kombu est tant populaire au Japon, c’est qu’il est l’ingrédient clé du « dashi », fameux bouillon japonais dont vous trouverez ici la recette originale, utilisé dans une foultitude de plats traditionnels au goût « umami ». Ce dernier a longtemps fait figure de mythe, tant sa saveur était difficile à définir. Jusqu’à ce qu’en 1908, le professeur Kikunae Ikeda, localise précisément sur la langue des récepteurs spécifiques : dès lors, l’umami est officiellement reconnu comme l’une des cinq saveurs primaires, avec le salé, le sucré, l’acide et l’amer. Il s’agit toutefois d’une saveur bien plus difficile à détecter que les autres : on trouvera le plat « bon », sans réussir à expliquer vraiment pourquoi. Mais c’est bien elle qui vous provoque cette montée de salive lorsque que vous dégustez un bon plat spaghettis à la bolognaise saupoudré de parmesan…

Car le goût umami n’est pas spécifiquement japonais, il se retrouve également dans toutes sortes de plats et peut donc être aisément reproduit, à condition d’en comprendre les principes. Revenons au dashi : le « bon » goût est le résultat d’une alchimie entre un composant l’acide glutamique, dont le kombu est une source importante, l’acide inosinique, contenu par la bonite, et l’acide guanylique, qui se trouve dans le shiitaké. Associés dans certaines conditions, ces nutriments se renforcent l’un l’autre pour créer un goût perçu comme particulièrement délicieux en bouche. Et s’il fallait écrire une formule simple pour résumer le goût umami, voici ce qu’elle pourrait donner :

Umami = acide glutamique  x ( acide inosinique + acide guanylique)

Parmi les aliments les plus riches en acide glutamique, on trouve : kombu, poisson et fruits de mer, viande fumée, légumes (principalement tomate mûre, chou chinois, épinards, céleri), et produits fermentés (miso, sauce soja, fromages comme le parmesan, nuoc mam,…). On le trouve également dans le thé vert : en voilà une bonne raison de troquer parfois son verre à pied contre une tasse, alchimie au rendez-vous !
Concernant les types de cuisson, préférer les longues cuissons mijotées ou les marinades, qui laissent pleinement infuser les arômes.

Quand on connait ces principes de base, on peut beaucoup s’amuser à repérer les plats typiquement « umami » de la cuisine française : croyez moi, ils font légion ! Bœuf bourguignon en tête : une viande, longuement mijotée avec des lardons (viande fumée), des champignons et du vin rouge (produit fermenté). Et vous, à quel plat pensez-vous ?

Kombu makis : pour la recette, rendez-vous demain…

Cuisiner le kombu
Concernant le kombu, la leçon umami à retenir, est qu’on ferait bien de l’inviter dans tous nos bouillons et plats mijotés, qu’ils soient à base de poisson ou viande. De la même, manière, vous pouvez l’utiliser, une fois cuit dans de l’eau, dans un carpaccio. Je l’ai récemment goûté dans un sublime carpaccio de coquille saint-jacques, que je me suis promise de donner bientôt la recette.

Le choisir : sous version sèche, il se présente en rubans noirs assez larges d’environ 5 à 10 cm. En séchant, le kombu se couvre d’une fine pellicule de poudre blanche : c’est un critère de qualité pour les acheteurs, cela signifie que votre kombu sera bien goûteux.
Le cuisiner : le faire tremper 1 heure minimum dans de l’eau froide, il va doubler de volume. Puis cuisiner en papillotes pour poisson que vous ferez pocher ou cuire à la vapeur : avec sa texture ferme il fournit une parfaite feuille de cuisson. Ou bien introduisez le dans une marinade pour poisson cru : pour 2 filets, cuire 1 morceau de kombu 20 minutes dans de 40cl d’eau, avec 2 cuillères de sauce soja et 5cl de de mirin (saké doux japonais, peut éventuellement être remplacé par un vin doux sucré comme le côteau du layon). Couper en morceau et associer à du gingembre, un peu du bouillon et du gingembre râpé. 
– Et aussi : pour cuire les légumes secs.
Mis dans l’eau de cuisson des légumes secs, le kombu va augmenter leur digestibilité.

Et pour mettre rapidement en pratique, rendez-vous demain, pour une première recette de makis de kombu fourrés de saumon mariné au miso !

En savoir plus sur l’umami : article de Shinji Nohara, publié par le Monde, article en anglais de wikipedia (celui en français est elliptique).

Autour du kombu
:



 

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Mijoté de légumes d’hiver à la japonaise, Yen en folie et technique de coupe rangiri

Avez-vous comme moi une soudaine et inexplicable ;) envie de savoureux légumes pour recommencer l’année ? Un plat grand luxe pour ceux qui vivent au Japon, et à plus forte raison dont les revenus fluctuent au gré du cours du yen. Dernièrement, 1 euros français ne valait plus que 0,98 Yen. Concrètement, cela signifie acheter une pomme à 2 euros pièce, et trouver que le chou à 4 euros, c’est super bon marché (comparé au céleri rave à 17 euros) ! Les 5 fruits ou légumes quotidiens, on oublie ! Voyez aussi cette note dessinée d’Alex sur Issekinicho, le blog de 2 dessinateurs français vivant à Tokyo.

Dans un accès de démence, je me suis toutefois finalement retrouvée à cuisiner ce mijoté. C’était après être tombé pour la seconde fois en achetant un bento, sur une carotte toute bête d’apparence, mais au goût extraordinairement « bon ». Les Japonais ont un terme pour cela : « umami« , souvent traduis par « savoureux ». Difficile à définir, l’umami est le résultat d’une alchimie entre plusieurs types d’aliments, ici, le trio mirin-soja-saké, combiné au dashi et légumes. Découvert par des scientifiques japonais au XXe siècle, le concept toutefois est pratiqué de manière intuitive depuis des siècles par les cuisiniers du monde entier. Je promets d’y revenir d’ici peu, probablement mercredi prochain autour du kombu. En attendant,voici de quoi méditer sur le sujet : ou comment vous sustenter – sincèrement – avec de simples légumes ;).

Recette originale de Makiko du blog Just Hungry, en moins sucrée. Vous pouvez composer avec les légumes dont vous disposez, avec comme impondérables les champignons. Si vous remplacez le dashi par un bouillon de volaille traditionnel, l’alchimie fonctionne aussi. Les plus observateurs auront peut-être remarqué sur la photo 2 cubes gris non identifiés de part et d’autre du bol : il s’agit du konyaku, un type de courge dont l’on extrait une pâte compacte sans goût, mais dont on aime la texture gélatineuse.  J’en profite pour vous glisser ce dessin sur cette autre technique de coupe japonaise dite « rangiri », utilisée pour couper les légumes racines type carotte. Drôle de considérer combien même les basiques sont différents ! Désolée pour la qualité médiocre de l’image, il me faudrait un scanner…


Un plat qui est encore meilleur préparé la veille, pour laisser tout le temps aux légumes d’absorber le bouillon.

Mijoté de légumes d’hiver à la japonaise
Pour 2-3 personnes, ou beaucoup de bentos

– 1 dé de gingembre
– 1 carotte
– 1 portion de courge (kabocha ou encore potimarron)
– 1 patate douce
– 1 petit poireau
– 4 champignons
Ou encore d’autres légumes d’hiver au choix : panais, navets,…
Pour l’assaisonnement :
– 60cl de dashi, bouillon japonais (ou bien bouillon de volaille)
– 2 cuillères à soupe de mirin
– 2 cuillères à soupe de saké de cuisine
– 2 cuillères à soupe de sauce soja
– 1 cuillère à soupe de sucre

Émincer les champignon et le poireau, détailler plus grossièrement les autres légumes. Couper finement le gingembre. Dans une cocotte ou une grande casserole sur feu moyen-vif, avec un peu d’huile, faire suer quelques minutes les poireaux avec le gingembre. Ajouter le bouillon et les légumes en morceaux. Couvrir et porter à ébullition, puis baisser le feu et laisser mijoter une vingtaine de minutes.

Laisser refroidir et verser dans un récipient à couvercle, mettre au frais. Le lendemain, égoutter en récupérant le jus et déguster froid dans un bento, ou réchauffé, accompagné du bouillon servi à part.

Voyez ces autres légumes de saison à la japonaise :
steaks végétariens au miso
kinpira de légumes racine
carottes laquées au miso

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Sablés au sésame, pour ouvrir l’année

Après les débauches décoratives de fin d’année, que diriez vous de simples sablés au sésame, pour ouvrir l’année, tel Ali-Baba ? Le sésame est beaucoup utilisé dans les desserts japonais. Une fois torréfié et moulu, j’ai pris l’habitude de m’en servir dans bien des recettes à la place de la poudre d’amande. D’un goût plus prononcé, il est d’excellente compagnie avec la plupart des aliments qu’il rencontre. Vous pouvez y aller les yeux fermés : en dépit d’expériences les plus saugrenues, je n’ai pour le moment jamais été déçue du résultat.

L’occasion aussi d’aborder une question cruciale au sujet du sablé : avec ou sans blanc d’œuf ?

Lassée de me la poser à chaque nouvelle fournée – croyez-moi, avec la tradition japonaise d’offrir des cadeaux à chaque retour de voyage, il y en a eu – j’ai testé les deux versions, et voici ce qu’il en est ressorti :
– avec le blanc, vous aurez des sablés plus fermes et faciles à faire voyager : à réaliser lorsque vous souhaitez les emporter comme petit cadeau. Cette pâte est aussi parfaite pour faire des formes à l’emporte-pièce.
avec juste le jaune, vous obtenez une texture divinement sablée. Elle est aussi plus friable : gare à la bouillie si vous ne les malmenez et oubliez les emporte-pièce trop tarabiscotés !

Si vous êtes sans balance, utilisez comme mesure un contenant de 20cl type pot moutarde.

Sablés au sésame
Pour une quarantaine de sablés

– 90g de sucre (4/5 d’une mesure)
– 120g de farine (1 mesure et 1/5)
– 110g de beurre mou (fondu : 3/4 d’une mesure)
– 50g de sésame blond (1/2 mesure)
– 1 pincée de sel
Au choix : 1 jaune d’œuf ou 1 œuf entier

Faire torréfier les graines de sésame à sec quelques minutes dans une poêle sur feu vif : arrêter quand elles blondissent et se mettent à embaumer. Les moudre. Dans une jatte, mélanger farine, sésame, sucre et sel. Ajouter le beurre mou, mélanger grossièrement puis incorporer l’œuf, mélanger pour homogénéiser la pâte, sans trop la travailler. Puis former 2 boudins d’environ 5cm de diamètre. Filmer et mettre au frais 2 heures minimum. Préchauffer le four à 210°C, sortir les boudins et les trancher en palets d’environ 8mm d’épaisseur. Disposer sur une plaque recouverte de papier cuisson. Baisser la température à 180°C et enfourner sans attendre pour 8-9 minutes. Retirer du four et laisser refroidir sur une assiette.

Déguster avec un thé vert bien amer ou un café. Se conserve pendant une semaine dans une boîte en métal.

Voyez ces autres petits gâteaux :
Sablés sésame et thé matcha : en forme d’étoile ou pas, le matcha apporte une note herbale très agréable.
Cookies kaki et noisettes : originaux, sains et légers.
Cookies aux pépites de chocolat et noisettes : ultra régressifs, parfaits compagnons de vos goûter d’hiver

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« Osechi Ryori » | La cuisine du nouvel an au Japon

Akemashite omedeto gozaimasu ! Bien que nous soyons aujourd’hui le 11 janvier, je n’avais pas encore eu l’occasion de vous souhaiter la bonne année à la japonaise, voilà qui est fait !

Une fois n’est pas coutume : ce mercredi, ne parlons pas d’algues mais plongeons au cœur de l’Oshogatsu, nouvel an japonais. Auparavant, comme en Chine, Corée et Vietnam, le nouvel an était fêté au début du printemps. Ce n’est qu’en 1873, que le changement s’opère avec l’adoption du calendrier grégorien. Une rupture brutale mais qui semble aujourd’hui parfaitement intégrée, fournissant par la même occasion une nouvelle preuve de l’admirable capacité d’adaptation/appropriation des Japonais.

Car, loin d’être célébré avec sifflets et chapeaux pointus sur le dance floor, le nouvel an est, au Japon, la fête familiale la plus importante de l’année, et correspond davantage pour nous à Noël. C’est le temps pour chacun de retrouver sa famille autour de bons repas, et de se rendre au sanctuaire shinto pour tirer les prédictions de la nouvelle année. Au matin du premier janvier, on sert un assortiment de plats froids, que l’on accompagne d’un verre de saké du nouvel an, « o-toso », en disant : Akemashite omedeto gozaimasu ! Bonne année !

O-zoni, soupe du Nouvel An japonais, photographie de Marc Matsumoto sur Fresh Tastes

Ce sont les mêmes types de plats que l’on déguste les premiers jours de janvier, et pendant la quinzaine suivante. Car il est de tradition de ne pas cuisiner au début de l’année. Certains y voient la volonté d’éviter tout incident pouvant être signe de mauvaise fortune. D’autres, plus pragmatiques, rappellent qu’avant l’ère des kombini, tous les commerces étaient fermés du 1er au 3 janvier. Quoiqu’il en soit, il s’agissait d’un sacré défi que d’imaginer pour trois jours entiers, des mets festifs en suffisante quantité, et pouvant se conserver assez longtemps. C’est la raison pour laquelle nombre de plats du Nouvel An sont cuisinés avec une bonne dose de sucre et de vinaigre, qui y aident naturellement. En voici quelques exemples :

– L’incontournable « o-zoni » (illustration), seul mets chaud du repas, soupe comportant un morceau de « mochi », ce gâteau de riz très compact, que l’on grille au four ou au grille-pain. On en trouve une multitude de variations selon les régions, mais à Tokyo, elle est préparée à base d’un bouillon clair de poulet. Ici la version qu’en propose le cuisinier Marc Matsumoto, auteur du blog No Recipes (en anglais).
– Les kobumaki, des ballotins d’algue kombu, fourrés au poisson. Un vrai coup de cœur pour la fan d’algues que je suis : le recette viendra très vite. En attendant, vous les trouverez chez Hiroko. Les gestes aussi sont importants : voir cette vidéo sur I-Food.
Le tataki gobo, à base d’un légume racine que je vous ai déjà présenté ici. Le gobo est cuit à l’eau, puis écrasé pour mieux absorber l’assaisonnement au sésame qui l’accompagne.

Et en guise de pièce montée, le kagami mochi, « gâteau miroir », illustré ci-dessus. Fin décembre, on voit pointer partout ces drôles de sculptures ventrues et lisses comme la surface d’un miroir : il s’agit en fait de deux galets de « mochi », gâteau de riz, empilés l’un sur l’autre, et surmontés d’un « daidai », orange amère japonaise. Le kagami mochi, c’est aussi une épreuve de patience : avant de pouvoir le déguster, on l’expose les 5 premiers jours de l’année, traditionnellement dans la « tokonoma », alcôve décoratrice et spirituelle de la maison.

Pour plus d’exemples de mets du Nouvel An, consultez aussi cet autre article de Marc Matsumoto.

 

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Misez sur le miso !

Qu’est-ce que le miso ? Produit millénaire, pilier de la cuisine japonaise, le miso n’est pas simple à cerner, et encore moins à résumer. Voici toutefois quelques éléments pour mieux connaitre et utiliser ce merveilleux produit.

Un peu d’histoire
Importé de Chine, le miso est devenu par la suite un emblème japonais. Comment expliquer cet engouement ? Introduit au Japon il y a environ 1300 ans, il s’agissait au départ d’une pâte de « shou », terme chinois désignant des fèves de soja fermentées et conservées dans du sel. On a ainsi suggéré que son nom découlait de l’expression « mishou » signifiant, « pas encore du shou » (illustration ci-dessous). Par la suite, l’ajout de céréales, et la diversification des étapes de fabrication, contribueront à créer un produit d’une grande complexité, dont les variations touchent à l’infini.
A la différence de la Chine, sans doute la religion bouddhiste et l’alimentation de préférence végétarienne, entérinées par l’élite japonaise depuis l’époque Nara (710-784), ne sont-elles pas étrangères au succès du miso sur la péninsule. Riche en nutriments et fort en goût, il remplace agréablement viande ou poisson sur du riz. Un régime qui sera maintenu pendant plus d’un millénaire, jusqu’en 1868 et la restauration Meiji, lorsque l’opprobre sur la viande sera levée. Pendant l’ère Kamakura (1185-1333), le miso constitue d’abord un mets rare fabriqué maison, que seule l’élite consomme. Mais à l’ère Edo (1603-1868) il se commercialise et acquiert sur la péninsule l’immense popularité qu’on lui connait aujourd’hui.

 

Types de miso
Il existe différentes classifications. L’une d’elle renvoie au type de « koji« , ce précieux ferment utilisé également pour le saké ou encore la sauce soja. Il s’agit comme pour le fromage d’un « bon » champignon, que l’on cultive, soit avec des fève de soja, soit de l’orge ou encore du riz. Il confère au au miso son gout aigre caractéristique, pouvant varier selon les ingrédients choisis. Mais c’est en terme de couleurs que l’on parle le plus souvent du miso. On s’accorde généralement pour dire que plus le miso est foncé, plus il est fermenté et donc fort en goût. Bien que saveurs et couleurs varient à chaque produit, on a l’habitude de distinguer 3 types :
– Miso blanc
, « shiro miso« . D’une saveur douce, on l’utilise pour cuisiner les poissons au goût délicat.
– Miso pâle, « tanshoku miso« . Souvent servi en amuse-bouche pour accompagner des crudités, il se compose d’un mélange de soja et de riz ou d’orge. Il rentre dans la préparation de nombreux autres plats notamment la fameuse soupe au miso.
– Miso rouge
, ou « aka miso« . Par « rouge », on entend plutôt foncé. Fort en goût, on les réserve pour des préparations plus épicées, et cuisiner certaines viandes.
Hatcho miso, de couleur brun chocolat, un miso corsé de grande réputation, qui aurait été traditionnellement servi à l’empereur.

 

Poulet mariné au miso : la recette ici.

Cuisiner le miso
Pauvre en matière grasse, il est riche en nutriments et en saveurs : pour une cuisine variée et saine, n’hésitez plus, misez sur le miso !
Le choisir : on préférera les pâtes non pasteurisées, conservées dans les magasins au rayon frais, dont les nutriments et ferments n’ont pas été endommagés par la cuisson. Acheter local, c’est possible : le miso bio de la marque Danival est produit en France, et bénéficie d’une excellente réputation.
Le cuisiner au quotidien : en dip d’apéritifs avec de simples crudités, ou encore en tartinade comme celle-ci à base de tofu et thon, ou en plat principal dans ce poulet mariné et rôti au miso. Il peut même être cuisiné en dessert !

En savoir davantage :
Hikarimiso, producteur de miso dont le site regorge d’informations.
Nipponia, article sur le processus de fabrication du miso.
Aliment miracle, sachez-en plus sur les bienfaits du miso.

Recettes au miso :


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Granola maison sans sucre ajouté

En ce second dimanche de l’année 2012, j’ai le plaisir de vous présenter cette nouvelle page des blogs et sites où je navigue (et divague) souvent. Et pour peu que ce soit pour vous le matin, voici la recette de sain(t)s granolas, perfection incarnée du petit déjeuner santé. Le Japon m’a guéri de nombre de mes paresses alimentaires, notamment celle d’acheter des granolas tout faits. Car, dans le genre simple à réaliser, économique et délicieux – car pile à votre goût – on ne fait pas mieux. Après l’avoir essayé, il vous sera impossible de revenir à ceux des magasins. Question « typologie », par rapport au muesli, un même mélange à base de flocons de céréales, le granola passe au four, d’où sa consistance plus croquante. Cette recette n’a de sucre, que celui du jus de pomme ajouté, sur une idée de Rose Bakery transmise par Clea.

Au petit-déjeuner, j’en prends l’équivalent de 3 bonnes cuillères à soupe, avec du lait de soja et la moitié d’un pomme coupée en morceaux. Si vous êtes sans balance, vous pouvez utiliser comme mesure un contenant de 20cl type pot moutarde.

Granola maison sans matière grasse ni sucre ajoute
Pour 800g de granolas, à conserver au sec

– 500 g de flocons de céréales (5 mesures)
– 200g d’oléagineux grossièrement concassés (50g de noix, 50g de noisettes, 50g d’amandes, 50g de grains de sésame, soit 1/2 mesure de chaque)
– 25 cl de jus de pomme (1 mesure et 1/4)
– 100g de raisins secs (ou autres fruits secs, soit environ 1 mesure)
– 1 cuillère à café de cannelle,
– 1 cuillère à café de poudre de gingembre,
– 1/2 cuillère à café de poudre de noix de muscade,
– 2 cuillères à soupe d’huile de colza (ou 30g de beurre fondu :)

Moudre le sésame, concasser noix, noisettes, amandes. Mélanger aux flocons et épices. Verser le jus de pomme et l’huile (ou le beurre fondu), et bien brasser. Étaler sur une plaque allant au four et enfourner à 150°C environ 20minures, en mélangeant 2 fois en cours de cuisson. Arrêter le four sans l’ouvrir et laisser sécher encore une 10zaine de minutes. Ajouter les fruits secs, mélanger et conserver à l’abri de l’humidité.

A prendre en dessert, avec du fromage blanc et du miel, au petit-déjeuner, ou encore à introduire dans la pâte de crumbles délicieusement croustillants.

Suggestion :
– pour conserver votre granola, verser dans un bocal type Le Parfait, et mettre le reste de côté dans des sacs de congélation hermétiquement fermés.

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Brioche torsadée au matcha et sésame

Chers nomades de 2012 ! Quel plaisir de retrouver blog, fourneaux, et une bonne brioche, après s’être frotté aux frimas japonais. Auprès du Mont Fuji d’abord, suprêmement majestueux avec ses habits blancs ; puis au travers des Alpes Japonaises hérissées de sapins ; et aussi sur la côte déchiquetée de la péninsule de Noto-Hanto (photo ci-dessous). Vivre à Tokyo offre bien des avantages, mais sûrement pas celui de se recueillir au milieu de paysages lisses de toute construction. A tous les assoiffés de nature, je conseille ce voyage hors des grands circuits touristiques, qui vous fera voir un Japon brut de décoffrage. A condition toutefois de louer une voiture : question permis, c’est très simple quand on est Français. Pas besoin de passer un test, il suffit d’aller le faire traduire auprès de la JAF, ce qui ne prend que 2 heures. Et à vous la voiture-buissonnière ! Voir ici pour plus d’informations.

Pour ce retour de vacances, et avant de mettre le cap vers des océans de verdure, voici une recette de Gâteau des Rois, à préparer pour le 6 janvier, jour de l’épiphanie, fête chrétienne célébrant l’arrivée des Rois Mages à Bethléem. La tradition pâtissière qui en a résulté remonte toutefois encore plus loin dans le temps : voyez notamment cet article de Wikipédia. En France, et selon les régions, on prépare pour l’occasion une galette fourrée à la frangipane, ou bien une brioche, en forme de couronne. Réaliser une pâte feuilletée maison demande beaucoup de temps et encore plus de beurre. A l’heure post-réveillonnaire, point trop n’en faut, j’ai donc opté pour la brioche… au beurre : admirez la logique. En fait, j’avais aussi depuis longtemps envie de vous parler du levain déshydraté, importé de France (c’est mal), pour réaliser du pain maison. J’ai testé plusieurs levains bios dont j’ai toujours été satisfaiste, notamment celui de Priméal à l’épeautre. A l’ouverture du sachet, la poudre a une odeur un peu forte, mais n’ayez crainte : elle disparait à la cuisson.

Au Japon, la coutume n’est pas très repandue. Pourtant, tels que je commence à connaitre les Japonais, leur amour des traditions en tous genres et leur goût des nouveautés, sans doute pourrait-elle devenir populaire. C’est en tout cas, le pari pris par Sadaru Aoki, qui propose dans ses boutiques tokyoïtes une élégante galette doublement japonisée, au macha et pâte d’azuki, telle celle-ci datant de 2009. En visitant son site, j’ai d’ailleurs remarqué que Sadaru Aoki écrivait « mâcha » avec un élégant accent circonflexe. J’aurais trouvé l’idée excellente, si elle n’évoquait pour moi le terme « mâcher », pas vraiment flatteur au sujet du thé. A Paris, la maison de thé Jugetsudo propose également une galette frangipane et matcha qui a l’air fameuse.

Quant à ma brioche des rois japonaise, je n’ai pas hésité une seule seconde à associer sésame et matcha, après ces délicieux sablés. Je suis parti de la recette de brioche nature de B comme Bon, que j’ai adaptée au levain en m’appuyant sur les précieux conseils de Flo Makanai. Mais du coup, j’étais tellement concentrée sur la question de savoir si la brioche allait bien gonfler, que j’en ai oublié de glisser la fève. Faute de monarque du jour, nous avons donc eu une Reine des tartes

Si vous êtes sans balance, utilisez comme mesure un contenant de 20cl type pot moutarde.

Brioche torsadée au thé matcha et graines de sésame
Pour une petite brioche dans un moule rond au bords haut de 20 cm de diamètre.

– 100 g de beurre fondu (un peu plus d’1/2 mesure)
– 50 g de sucre (1/2 mesure)
– 300 g de farine blanche (3 mesures)
– 15g de levain déshydraté (1 cuillère à soupe bien bombée)
– 2 œufs
– 10 cl de lait (1/2 mesure)
– 1 pincée de sel
– 2 cuillères à café de thé matcha en poudre
– 2 cuillères à soupe de graines de sésame

Faire fondre le beurre, tiédir le lait. Dans une large jatte, mélanger farine, sucre, levain et sel. Former un puits et verser les œufs battus, le lait tiède et le beurre fondu. Mélanger puis pétrissez la pâte 10 minutes. Je procède directement dans la jatte : glisser la main sous un bord de la pâte et replier vers le centre en appuyant bien, recommencer avec un autre bord, et ainsi de suite.Voir également cette vidéo de Back Home Bakery pour comprendre le geste, notez qu’il s’agit normalement d’un geste utilisé pour le pliage des pâtes humides et qu’il faut mettre davantage de force si vous l’utilisez pour pétrir.
Couvrir la pâte d’un torchon humide et la laisser gonfler dans un endroit tiède* environ 2 heures, elle doit quasiment doubler de volume. Huiler votre moule rond. Lorsque la pâte a bien levé, diviser en 2 morceaux et former des boudins d’environ 50cm de long. Rouler l’un dans les graines de sésame et l’autre dans la poudre matcha. Enlacer en torsade, puis installer en rond dans le moule et placer au centre un ramequin allant au four pour conserver un rond net.
C’est le moment de ne pas oublier de loger une fève à l’intérieur de la pâte !
Recouvrir à nouveau d’un torchon humide et laisser lever la pâte dans un endroit tiède environ 1 heure (j’ai lu là encore, que la pâte doit doubler de volume mais ca n’a pas ete mon cas, ca n’a en tout cas pas empêché ma brioche de bien gonfler au four)
Enfourner dans un four préchauffé à 210°C et faire cuire 20 minutes en surveillant bien les 5 dernières minutes car la croûte brunit vite (la mienne a d’ailleurs trop attendu) !

Déguster tiède, en s’arrangeant pour avoir dans l’assemblée quelqu’un de plus jeune que vous ;)

*La juste température : la pâte gonfle mieux à 20-25°C. S’il fait trop froid, l’installer à l’intérieur de votre four éteint et porte ouverte, préalablement préchauffé à température minimale.

Régalez-vous de ces autres gâteaux hivernaux :
Fabuleux banana cake façon Trish Deseine.
Tarte à la patate douce et aux marrons caramélisés.
Moelleux patate douce et sésame.

 

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Blog en vacances, bonne année 2012 !

Cuisine en bandoulière dépose sa besace jusqu’au 5 janvier. Avec notamment comme devoir de vacances, celui de bûcher (hu hu) sur un dessert de Noël aux saveurs japonaises. Il y a tant de combinaisons possibles, difficile de choisir ! En attendant, je vous propose ci-dessous, divers menus d’hiver, au cas où vous seriez en recherche d’idées exotiques (ou pas).

En tout cas, un grand merci pour vos visites et commentaires qui me font toujours très plaisir. Et, avant de vous retrouver en janvier, je vous souhaite une savoureuse, que dis-je, une umamesque  entrée dans l’hiver, puis dans la nouvelle année !

Amuses-bouches

Entrées et tartes

Légumes d’hiver

Viandes mitonnées

Desserts

Petits gâteaux

 

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