Lors d’une récente escapade auprès du Mont Fuji, j’ai découvert que les agrumes pouvaient aussi s’épanouir sous la neige. Quand, du fond de ma doudoune, j’ai aperçu pour la première fois un arbre portant de lourdes balles jaune-orangées à peau grumeleuse, j’ai d’abord cru faire erreur. Puis, quelques jours plus tard, lors d’une froide promenade au bord du lac Biwa, je suis tombée nez à nez avec un autre spécimen : plus de doute possible, il fallait que j’enquête. De retour à Tokyo, une brève recherche m’a révélé qu’il ne s’agissait de rien d’autre que du célébrissime yuzu : bien joué Mathilda.
A ma décharge, j’avais été influencée par le fait que l’on a l’habitude de comparer le yuzu au citron. En fait, il ressemble davantage à une grosse mandarine qui n’aurait pas mûrit, ou encore à un petit pamplemousse, avec lequel il partage une saveur amère et légèrement sucrée. Mais une fois que l’on a bien identifié l’odeur, impossible de se tromper : le parfum du yuzu est l’un des plus exquis qu’il m’ait été donné de sentir. Et en me renseignant sur son histoire, j’ai également appris que l’arbre à yuzu était originaire du Tibet, ce qui explique qu’il soit à l’aise à l’ombre du Mont Fuji : à côté de l’Himalaya, c’est presque les tropiques ! Du coup, et à l’inverse de nombre d’agrumes importés de Méditerranée, le yuzu est un authentique fruit d’hiver, ce qui explique par la même occasion ma difficulté à le trouver l’été dernier.
En dehors du yuzu, il existe au Japon d’autres agrumes d’hiver inconnus d’Europe, tel le kabosu, à la peau verte, le daidai, qui décore le mochi du nouvel an, ou encore le sudachi. En cuisine, on les utilise notamment dans une sauce spéciale, dite « ponzu »(dont je vous en parle ici), mélangés à de la sauce soja. Que l’on ait ou non sous la main l’un de ces rares spécimens, le concept de l’association soja et jus d’agrumes est vraiment à adopter. Inspirée du livre de Machiko Chiba, cuisinière japonaise moderne, cette recette simple et délicieuse vous fera découvrir le porc sous un tout nouveau jour. Autre grande qualité : ici aussi, on utilise l’orange entière, comme dans ce gâteau orange gingembre dont je vous parlais récemment.
Porc grillé à l’orange, façon japonaise
4 personnes
– 400g d’épaule de porc ou autre partie plutôt maigre
– 2 cuillères à soupe de sauce soja japonaise (4cl)
– 2 oranges si possible non traitées
– 2 cuillères à soupe de mirin (4cl)
– poivre
Couper le porc en cubes de la taille d’une bouchée, presser le jus d’une des oranges. Dans un plat allant au four, mélanger le jus, soja et mirin. Ajouter les morceaux de viande, les enduire de sauce et laisser au frais une demi heure.
Préchauffer le four à 200°C. Préparer la seconde orange : laver simplement la peau si elle est non traitée, ou bien la râper. La couper en 8 morceaux, mélanger avec la viande, poivrer et enfourner 20 minutes, en retournant les morceaux une fois à deux fois en cours de cuisson.
Servir bien chaud avec du riz : voir ces conseils pour cuire du riz japonais. Et pour le dessert, pourquoi ne pas finir avec ce gâteau au gingembre et oranges entières ?
Essayez ces autres bons plats d’hiver aux saveurs japonaises :
– Poulet grillé au miso
– Bouchées de carotte laquées au miso
– Poêlée de champignons, chou blanc et poulet ou tofu
6 réponses à Buta no neburu-yaki (porc rôti à l’orange), la cuisine japonaise aux agrumes