Tarte aux aubergines


Ou comment en voulant tout décrire, faire un titre qui ne veut plus rien dire… La suite n’est pas moins triste : attention article potentiellement abscons. L’aubergine japonaise se dit « nasu ». Plus petite que sa consœur méditerranéenne, elle est de tous les étalages et rien que par la manière dont elle s’écrit, on devine qu’il s’agit d’un aliment traditionnellement consommé au Japon, à la différence par exemple de la tomate. Voici du moins la déduction de trois mois de cours quotidiens de Japonais. Exercice sans aucun fondement donc, mais amusant à pratiquer au quotidien (on s’occupe chacun comme on peut).

Explications (c’est un peu long) : l’écriture japonaise est un casse tête (mais pas chinois) qui combine trois différents alphabets, composés à la fois d’idéogrammes (soit des signes graphiques renvoyant directement au sens et non seulement au son) et de signes phonétiques. Les kanjis, tout d’abord, fournissent la base de l’écriture et ont été prélevés du chinois, langue multimillénaire. En japonais, ils sont à la fois utilisés comme des idéogrammes et des signes phonétiques. A partir de la période de Heian (VIIIe siècle) certains kanjis ont évolués pour former les hiraganas et kataganas, signes exclusivement phonétiques. Tandis que les hiraganas s’attachaient plutôt à décrire des réalités du quotidien pour lesquelles il n’existait pas de kanjis, les katakanas furent utilisés pour désigner les mots empruntés aux langues Indo-Européennes.

Pas besoin d’aller bien loin pour comprendre que le Japon est « l’empire des signes » comme l’a écrit Roland Barthes (j’en profite, pour une fois qu’il m’est accessible). C’est un fait, les Japonais semblent beaucoup plus à l’aise que nous avec les symboles. Panneaux de signalisation, annonces publicitaires, modes d’emplois : partout des petits dessins vous délivrent leur messages de manière efficace et universellement compréhensible. Au quotidien, c’est sacrément pratique quand on ne sait pas bien lire le japonais, comme ces dessins explicatifs que l’on trouve au dos des aliments (ici, de l’agar-agar). Dans un autre registre, il n’y a qu’à comparer nos bonnes vieilles BD aux mangas : combien bavard et inexpressif apparaît Tintin par rapport aux personnages japonais !


Mode d’emploi de l’agar-agar : ébouillanter, mélanger et mettre au frais. Sens en revanche moins évident pour les 2 autres dessins : dans le café et le riz ??

Bref, au Japon vous en apprendrez autant des mots en eux-même que de la manière dont ils sont écrits. Le fait donc qu’« aubergine » soit écrit en hiragana, m’indique qu’il s’agit d’un légume consommé depuis bien longtemps au Japon, sinon il aurait été probablement écrit en hiraganas, comme c’est le cas de la tomate.

Tout cela pour vous donner une recette de tarte aux aubergines qui n’est même pas typiquement japonaise…

Tarte aux aubergines
Pour une petite tarte de 20 cm de diamètre (4 personnes en entrée, 2 en plat principal)

– 1 aubergine moyenne ou 2 petites comme on les trouve au Japon
– 2 belles tomates
– ½ oignon
– 3 branches de thym
– huile d’olive
– 160g de pâte brisée si possible maison à l’huile d’olive (par ici la recette)

Pour la béchamel :
– 2 cuillères à soupe de farine ou 1 cuillère à soupe de fécule (ici de la fécule de riz)
– 25 cl de lait (de vache ou vegetal, j’ai utilisé du lait de soja)
– 20 g de beurre ou 2 cuillères à soupe d’huile (ici de l’huile d’olive)
– noix de muscade (mais si vous n’en avez pas, c’est toujours bon…)

Couper les aubergines en tranches d’environ 1 cm de large. Les saler généreusement et les laisser dégorger une demi-heure (ainsi elles aspireront moins l’huile lors de leur cuisson), les laver à l’eau froide et les sécher avec un torchon. Dans une plaque allant au four, verser 1càs d’huile, 2 càs d’eau, y disposer les aubergine et mettre au four à 180°C pour 15 minutes environ.

En attendant, faire fondre sur feu moyen les oignons émincés avec les branches de thym. Quand ils deviennent transparents, ajouter les tomates concassées (coupées en petits des). Faire revenir environ 10 minute pour réduire l’humidité.

Sortir les aubergines du four et les réserver.

Étaler la pâte dans un moule à tarte, la piquer a la fourchette et la couvrir de papier cuisson lesté de billes de cuisson, haricots secs, ou autre (au Japon, vous avez le choix entre azukis, fèves de soja out riz !). La faire précuire 10 min à 200°C (thermostat 7).

Pendant ce temps, préparer la béchamel : faire fondre le beurre ou chauffer l’huile d’olive. Y ajouter la farine, bien mélanger pour former une pâte. Baisser le feu et ajouter peu à peu le lait sans cesser de remuer jusqu’à la consistance désirée. Assaisonner de poivre, sel et de noix de muscade.

Une fois la pâte cuite, la sortir du four. Y verser le coulis de tomates. Disposer au-dessus les aubergines, puis napper de béchamel. Remettre au four à 180°C (thermostat 6) pour 10 min environ.

A accompagner :

– d’une salade bien fraiche
– d’un rosé bien frais (pardon c’est mal au Japon)

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